C’est pourquoi il advint ce qui devait advenir, ce qui arrive toujours dans la vie réelle et souvent dans les romans, qui, après tout, si exagérés qu’ils soient, gardent toujours un reflet de la vérité qui les a inspirés.
Il arriva que Gaston ayant vu Valentine à une fête, la trouva belle et l’aima.
Il advint que Valentine remarqua Gaston et ne put, désormais, se défendre de penser à lui.
Mais tant d’obstacles les séparaient !… Chacun d’eux, pendant près d’une année, garda religieusement son secret, enfoui comme un trésor, au plus profond de son cœur.
Et cette année, toute de rêveries dangereuses et charmantes, devait décider de leur avenir. Aux douceurs de l’impression première, un sentiment plus tendre succéda, puis l’amour vint, chacun d’eux parant l’autre de qualités surhumaines et d’idéales perfections.
C’est que la passion forte et sincère ne peut s’épanouir que dans la solitude, l’air des villes lui est mortel, pareille à ces robustes fleurs des savanes qui, transplantées dans nos serres, perdent leur éclat et leur parfum.
Gaston et Valentine, après ne s’être vus qu’une fois, étaient déjà tout l’un pour l’autre, quand la fatalité qui avait présidé à leur première rencontre les rapprocha de nouveau.
Ils se trouvèrent passer une journée entière chez la vieille duchesse d’Arlange, venue dans le pays pour vendre ce qu’elle y avait encore de propriétés.
Cette fois, ils se parlèrent, et comme de vieux amis, surpris de trouver en eux un écho des mêmes pensées.
Puis de nouveau, ils furent séparés des mois. Mais déjà, sans s’être entendus, ils se trouvaient, à de certaines heures, au bord du Rhône, et, d’un côté à l’autre du fleuve, ils s’apercevaient.
Enfin, un soir du mois de mai, comme Mme de La Verberie était à Beaucaire, Gaston osa pénétrer dans le parc et se présenter à Valentine.
Elle fut à peine surprise et ne fut pas indignée. L’in-