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Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/227

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Gaston, ils oubliaient. Mais l’âme de Louis n’était pas de celles que touchent de tels spectacles.

— L’heure vole, interrompit-il, le temps presse.

— Il dit vrai ! s’écria le marquis, partez comte, partez, mon fils, Dieu protège l’aîné des Clameran !

Gaston s’était relevé lentement.

— Avant de vous quitter, mon père, commença-t-il, j’ai à remplir un devoir sacré. Je ne vous ai pas tout dit : Cette jeune fille, dont j’ai pris la défense ce soir, Valentine, je l’aime…

— Oh ! fit M. de Clameran stupéfait, oh ! oh !…

— Et je viens vous prier, mon père, vous conjurer à genoux, de demander pour moi à Mme de La Verberie la main de sa fille, Valentine, je le sais, n’hésitera pas à partager mon exil, elle me rejoindra à l’étranger…

Gaston s’arrêta, effrayé de l’effet que produisaient ses paroles. Le vieux marquis était devenu rouge, ou plutôt violet, comme s’il eût été près d’être frappé d’une attaque d’apoplexie.

— Mais c’est monstrueux, répétait-il, bégayant de colère, c’est de la folie !…

— Je l’aime, mon père ; je lui ai juré que je n’aurais pas d’autre femme qu’elle.

— Vous resterez garçon.

— Je l’épouserai ! s’écria Gaston qui s’animait peu à peu, je l’épouserai parce que j’ai juré et qu’il y va de notre honneur…

— Chansons !

Mlle de La Verberie sera ma femme, vous dis-je, parce qu’il est trop tard pour reprendre ma parole, parce que même ne l’aimant plus je l’épouserais encore, parce qu’elle s’est donnée à moi, parce qu’enfin, entendez-vous, ce qu’on disait au café, ce soir, est vrai, Valentine est ma maîtresse.

L’aîné des Clameran avait compté sur l’impression de cet aveu, que lui arrachaient les circonstances ; il se trompait. Le marquis, si irrité, sembla soulagé d’un poids énorme. Une joie méchante étincela dans ses yeux.