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Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/253

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Depuis une demi-heure elle faisait pour résister à ces atroces violences des efforts surhumains, ses forces trahirent son énergique volonté. Elle devint plus pâle, s’il est possible, ferma les yeux, avança les bras comme pour chercher un point d’appui et tomba, heurtant l’angle d’une console qui lui fit au front une blessure profonde.

C’est d’un œil sec que la comtesse vit sa fille étendue à ses pieds. En elle, toutes les vanités saignaient, l’amour maternel n’avait pas tressailli. Elle était de ces âmes qu’emplissent si bien la colère et la haine que nul sentiment tendre n’y peut trouver place.

Voyant que Valentine restait sans mouvement, elle sonna, et les servantes du château qui tremblaient dans le vestibule, aux éclats de cette voix redoutée, accoururent.

Portez mademoiselle dans sa chambre, leur dit-elle, vous l’y enfermerez et vous m’apporterez la clé.

La comtesse se proposait alors de tenir, pendant longtemps Valentine prisonnière et de d’empêcher de sortir.

C’est qu’elle avait de l’opinion une peur folle. C’est qu’elle savait la méchanceté — faut-il dire inconsciente et naïve ? — des campagnes, où le désœuvrement de l’esprit vit des mois entiers sur le même cancan.

Jamais la campagne n’aura, pour certaines fautes, les ménagements, les délicatesses des villes. Là, malheur à la pauvre fille qui tombe, il lui faut fuir ou vider jusqu’à la lie le calice des humiliations préméditées et des brutales ironies. On se fait honneur de lui jeter la pierre.

Cependant, Mme de La Verberie raisonnait mal. Mieux vaut l’explosion terrible et rapide d’un scandale que les rumeurs sourdes et continues de la médisance.

Mais tous les plans de la comtesse devaient être déconcertés.

Bientôt ses femmes revinrent lui dire que Valentine avait repris connaissance, mais qu’elle leur semblait bien mal.

Elle commença par dire que c’étaient là « des simagrées » ; mais, Mihonne insistant, elle se résigna à mon-