la comtesse alla s’installer avec sa fille et sa domestique sous le nom de Mme Wilson.
Si elle avait choisi l’Angleterre, c’est qu’elle l’avait habitée longtemps, qu’elle en connaissait bien l’esprit et les mœurs, et qu’elle en parlait la langue comme la sienne.
Même, elle avait conservé des relations dans l’aristocratie, et souvent, le soir, elle sortait, dînait en ville ou allait au théâtre, prenant, en ces occasions, les précautions les plus humiliantes contre Valentine, qu’elle enfermait à double tour.
C’est dans cette triste et solitaire maison, qu’une nuit du mois de mai, Valentine de La Verberie mit au monde un fils.
Il fut présenté au révérend de la paroisse, et inscrit sous les noms de Valentin-Raoul Wilson.
La comtesse avait d’ailleurs tout prévu, tout combiné.
Dans les environs du village, après bien des recherches, elle avait découvert une bonne grosse fermière qui, moyennant cinq cents livres (12,000 fr.,) consentait à se charger de l’enfant, promettant de l’élever comme les siens, de lui faire apprendre un état, et même de le pousser dans le monde s’il se conduisait bien.
Le petit Raoul lui fut donc livré quelques heures après sa naissance.
Cette femme ignorait le vrai nom de la comtesse, elle devait croire et elle croyait avoir affaire à une Anglaise. Il était donc plus que probable, il était certain que jamais l’enfant, devenu homme, ne parviendrait à découvrir le secret de sa naissance.
Revenue à elle, Valentine avait demandé son enfant. En elle, tressaillait et s’éveillait ce sublime amour maternel dont Dieu a déposé le germe dans le cœur de toutes les femmes.
C’est en cette circonstance que la cruelle comtesse fut vraiment impitoyable.
— Votre enfant ! s’écria-t-elle, je ne sais en vérité ce