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que vous voulez dire, vous rêvez, j’imagine, vous êtes folle !

Et comme Valentine insistait :

— Votre enfant est en sûreté, répondit-elle, et rien ne lui manquera. Que cela vous suffise. Ce qui est arrivé, vous devez l’oublier comme on oublie un mauvais rêve. Le passé doit être comme s’il n’était pas. Vous me connaissez : je le veux.

Le moment était venu où Valentine devait, dans de certaines limites, résister au despotisme de plus en plus envahissant de la comtesse

L’idée lui en était venue, mais non le courage.

Si, d’un côté, la clairvoyance du malheur lui montrait les dangers d’une résignation presque coupable, — car enfin, elle était mère aussi ! — de l’autre elle se sentait écrasée par le sentiment de l’horrible faute.

Elle se tut, s’abandonnant ainsi pour toujours, se livrant désarmée aux volontés d’une mère qu’elle s’efforçait de ne point juger pour n’avoir pas à la condamner.

Tant de souffrances, de regrets, de combats intérieurs devaient retarder et retardèrent, en effet, son rétablissement.

Cependant, vers la fin du mois de juin, elle était assez bien pour revenir, avec sa mère, à La Verberie.

La méchanceté, cette fois, n’avait pas eu sa lucidité accoutumée. La comtesse, qui allait partout, se plaignant de l’insuccès de son voyage, put constater que, dans le pays, personne n’avait pénétré les raisons de son absence.

Un seul homme, le docteur Raget, savait la vérité. Mais Mme de La Verberie, tout en le haïssant de tout son cœur, rendait assez justice à son caractère pour être sûre de n’avoir pas à redouter de lui une indiscrétion.

C’est pour lui, qu’en arrivant, avait été sa première visite.

Elle le surprit un matin comme il sortait de table, lui demanda un moment d’entretien, et brusquement mit