Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/321

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Ne sauriez-vous donc, madame, lui parler sérieusement, essayer d’obtenir quelque chose de lui ?

Elle promit, mais elle ne tint pas sa promesse. Elle avait si peu de temps à donner à Raoul, qu’il lui eût semblé affreux d’employer ce temps en tristes gronderies. Arrivant parfois bien décidée à suivre les conseils du marquis, elle ne s’en sentait plus la force dès qu’elle voyait Raoul ; ses regards fondaient ses plus solides résolutions ; parlait-il ? à sa voix les noirs soucis s’envolaient.

Mais Clameran, ainsi qu’il se plaisait à le dire, avait de ces principes arrêtés qui ne souffrent aucune transaction.

Gaston était mort en lui léguant le soin de veiller sur Raoul ; il se considérait, affirmait-il, comme ayant charge d’âme.

C’est pourquoi, voyant que ses efforts n’arrêtaient pas ce jeune imprudent sur une pente désastreuse, il somma Mme Fauvel d’user enfin de son influence. Elle devait, pour l’avenir de son enfant, entrer plus intimement dans sa vie, le voir tous les jours.

— Hélas ! répondit la pauvre femme, ce serait là mon vœu le plus cher. Mais comment faire ? Ai-je le droit de me perdre ? J’ai d’autres enfants auxquels je dois compte de mon honneur.

Cette réponse parut étonner le marquis de Clameran. Quinze jours plus tôt, Mme Fauvel n’eût point parlé de ses autres fils.

— Je réfléchirai, dit Louis, peut-être à notre prochaine entrevue aurai-je l’honneur de vous soumettre une combinaison qui conciliera tout.

Les réflexions d’un homme de tant d’expérience ne pouvaient être vaines. Il paraissait fort rassuré, quand il se présenta le jeudi suivant.

— J’ai cherché, commença-t-il, et j’ai trouvé.

— Quoi ?

— Le moyen de sauver Raoul.

Il s’expliqua. Mme Fauvel ne pouvant sans éveiller les