Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/325

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— J’obéirai, monsieur, murmura l’infortunée, vaincue, écrasée.

Et huit jours après, en effet, Raoul, devenu Raoul de Lagors, dînait cher le banquier, entre Mme  Fauvel et Madeleine.


XVII


Ce n’est pas sans d’effroyables déchirements que madame Fauvel s’était résignée à se soumettre aux volontés de l’impitoyable marquis de Clameran.

Tous les moyens qu’elle croyait propres à l’attendrir, elle les avait épuisés. Il l’avait vue sans un tressaillement se traîner à ses pieds. Ni les larmes ni les prières ne pouvaient remuer cette âme de boue.

Désespérée, elle était allée demander secours à son fils.

Raoul, en l’écoutant, avait paru transporté d’indignation, et il l’avait quittée pour courir, disait-il, arracher des excuses au misérable qui faisait pleurer sa mère.

Mais il avait trop présumé de ses forces. Bientôt il était revenu, l’œil morne, la tête basse, les traits contractés par la rage de l’impuissance, déclarant qu’il fallait se rendre, consentir, céder.

C’est alors que la pauvre femme put sonder la profondeur de l’abîme où on l’entraînait. Elle eut en ce moment comme un pressentiment des ténébreuses machinations dont elle serait la victime.

Voilà où la conduisait une faute, moins qu’une faute, une imprudence, un rendez-vous accordé à Gaston. Depuis, elle se débattait en vain contre l’implacable logique des événements. Elle avait passé sa vie à lutter contre le passé, et maintenant, il l’écrasait.