Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/363

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cienne amie. Il comptait lui démontrer que cette entrevue, absolument inutile, serait pénible pour tous deux, embarrassante pour lui et dangereuse pour elle.

Quant au dépôt, si Gaston persistait à le lui demander, eh bien ! Louis avait l’intention de s’offrir pour cette démarche délicate ! il promettait de la mener à bien, et, en effet, il savait où étaient les parures.

Mais il ne devait pas tarder à reconnaître l’inanité de ses espérances et de ses tentatives.

— Tu sais, lui dit un jour Gaston, j’ai écrit…

Louis ne savait que trop ce dont il s’agissait ; n’était-ce pas là le sujet habituel de ses méditations ! Il prit cependant son air le plus surpris :

— Écrit ?… interrogea-t-il, où, à qui, pourquoi ?

— À Beaucaire, à Lafourcade, pour savoir le nom du mari de Valentine.

— Tu penses donc toujours à elle ?

— Toujours.

— Tu ne renonces pas à la revoir ?

— Moins que jamais.

— Hélas ! frère, c’est que tu ne réfléchis pas que celle que tu aimais est la femme d’un autre, qu’elle est mère de famille, sans doute. Consentira-t-elle à te recevoir ? Sais-tu si tu ne vas pas troubler sa vie, si tu ne te prépares pas les plus cuisants regrets ?

— Je suis fou, c’est vrai, je le sais, mais ma folie m’est chère.

Il dit cela d’un tel accent que Louis comprit bien que son parti était irrévocablement arrêté.

Cependant il resta le même, ne s’occupant, en apparence, que de parties de plaisir, en réalité passant sa vie à s’inquiéter des lettres qui arrivaient à la maison.

Il savait au juste à quelle heure passait le facteur, et toujours il se trouvait, par hasard, dans la cour pour le recevoir.

S’il était absent, ainsi que son frère, il savait à quelle place on mettait les lettres venues dans la journée, et il y courait.