Sa surveillance ne fut pas inutile.
Le dimanche suivant, parmi les lettres que lui remit le facteur, il en distingua une qui portait le timbre de Beaucaire.
Rapidement il la glissa dans sa poche, et, bien qu’il fût sur le point de monter à cheval, avec son frère, il trouva un prétexte pour aller à sa chambre, incapable qu’il était de maîtriser son impatience.
C’était bien la lettre attendue, elle était signée : Lafourcade.
Elle avait trois bonnes pages et contenait une foule de détails absolument indifférents à Louis, mais voici ce qu’elle disait de Valentine.
« Le mari de Mlle de La Verberie est un banquier très-considéré, nommé André Fauvel. Je n’ai pas l’honneur de le connaître, mais je pense aller le voir à mon prochain voyage à Paris. J’ai conçu un projet qui serait la fortune de notre pays, je me propose de le lui soumettre, et, s’il le juge bon, je solliciterai l’appui de ses capitaux. Vous ne trouverez pas mauvais, je l’espère, que je me recommande de votre nom… »
Louis tremblait comme un homme qui vient d’échapper à un immense danger.
— Cette lettre entre les mains de mon frère, murmurait-il, et je n’avais qu’à filer.
Mais, sa perte, pour être retardée, n’en paraissait pas moins certaine.
Gaston attendrait une réponse pendant une huitaine encore, puis il écrirait de nouveau ; Lafourcade, tout surpris, répondrait sur-le-champ ; c’était, en mettant tout au mieux, une douzaine de jours que Louis avait encore devant lui.
Et là, se disait-il, là est le plus pressant danger. Que cet imbécile aille à Paris, qu’il prononce le nom de Clameran devant le banquier, et tout est fini.
En bas, Gaston s’impatientait.
— Viens-tu ! criait-il à son frère.
— Je descends, répondit Louis.