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XIX


Fidèle au programme tracé par son complice, pendant que Louis de Clameran veillait, à Oloron, Raoul, à Paris, s’efforçait de reconquérir le cœur de Mme Fauvel, de regagner sa confiance perdue, et, enfin, de la rassurer.

C’était une tâche difficile, mais non impossible.

Mme Fauvel avait été désolée des folies de Raoul, épouvantée par ses exigences ; mais elle n’avait pas cessé de l’aimer.

Quoi qu’il eût fait, quoi qu’il pût faire, il restait l’enfant de ses premières amours, le vivant souvenir de ce noble et beau Gaston qui avait été le maître de son cœur et de ses pensées.

Elle adorait ses deux fils, Lucien et Abel ; mais elle ne pouvait se défendre d’une indulgente faiblesse pour ce malheureux arraché autrefois de ses bras, qui, abandonné à des mercenaires, avait été privé des caresses maternelles et des joies de la famille.

C’est à elle-même qu’elle s’en prenait de ses égarements, et vis-à-vis de sa conscience, elle en acceptait la responsabilité, se disant : « C’est ma faute, c’est ma très-grande faute ! »

Ces sentiments, Raoul les avait bien pénétrés pour être en mesure de les exploiter.

Et, il faut l’avouer, jamais séductions plus irrésistibles ne furent au service d’une plus détestable perversité.

Sous un air de candeur admirable, ce précoce coquin cachait un surprenant génie d’observation.

Il pouvait, à son gré, se parer de toutes les grâces de l’adolescence, et rendre les gentillesses de la naïveté. Les