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— Mauvais !… prononça péremptoirement M. Verduret ; on ne déroute pas un gaillard si fort compromis, et surtout, on ne le rassure pas.

Le parti du gros homme était arrêté, car de ce ton bref qui n’admet pas de réplique, il reprit :

— J’ai mieux. Depuis que Clameran sait que ses papiers ont été explorés, a-t-il vu Lagors ?

— Non, patron.

— Il peut lui avoir écrit.

— Je parierais ma tête à couper que non. D’après vos instructions, ayant à surveiller surtout sa correspondance, j’ai organisé un petit système qui me met en garde dès qu’il touche une plume ; or, depuis vingt-quatre heures, les plumes n’ont pas bougé.

— Clameran est sorti hier une partie de l’après-midi.

— Il n’a pas écrit en route, l’homme qui le suivait le garantit.

— Alors, s’écria le gros homme, en avant, en avant ! Descends, et plus vite que ça ; je te donne un quart d’heure pour te faire une autre tête ; une tête de là-bas, tu sais ; moi, d’ici, je ne perds pas notre gredin de vue.

Sans hésiter, sans mot dire, le bon Joseph disparut, léger comme un sylphe, et M. Verduret et Prosper restèrent près de la fenêtre, observant Clameran, qui, selon les caprices du flux et du reflux de la foule, apparaissait ou disparaissait, mais qui semblait bien déterminé à ne pas abandonner son poste sans avoir obtenu quelque renseignement.

— Pourquoi vous attacher ainsi exclusivement au marquis ? demanda Prosper.

— Parce que, mon camarade, répondit M. Verduret, parce que…

Il cherchait une bonne raison à donner, un prétexte spécieux ; n’en trouvant pas, il se dépita et ajouta brutalement :

— Ceci est mon affaire.

On avait accordé un quart d’heure à Joseph Dubois