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Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/462

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pour se métamorphoser ; dix minutes ne s’étaient pas écoulées qu’il reparut.

Du joli domestique à gilet rouge, à favoris taillés à la Bergami, aux allures à la fois revêches et suffisantes, il ne restait absolument rien.

L’homme qui reparaissait était de ceux dont l’aspect seul effarouche et fait fuir comme des moineaux les plus naïfs filous.

Sa cravate noire, roulée en corde autour d’un faux-col douteux et ornée d’une épingle « en faux, » sa redingote noire boutonnée très haut, son chapeau gras, ses bottes si merveilleusement cirées qu’une coquette s’y fût mirée ; enfin sa lourde canne, trahissaient l’employé subalterne de la rue de Jérusalem aussi clairement que le pantalon garance dénonce le soldat.

Joseph Dubois s’évanouissait, et de sa livrée s’échappait, triomphant et radieux, le futé Fanferlot dit l’Écureuil.

À son entrée, Prosper ne put retenir une exclamation de surprise, presque d’effroi.

Il venait de reconnaître ce petit homme qui, le jour où le vol avait été commis, aidait aux perquisitions du commissaire de police.

M. Verduret, lui, examinait son auxiliaire d’un air évidemment satisfait.

— Pas mal, approuva-t-il, pas mal. Il s’exhale de toute ta personne un parfum policier à faire frémir un honnête homme. Tu m’as compris, c’est bien ainsi que je te voulais.

Le compliment sembla transporter Dubois-Fanferlot.

— Maintenant que je suis paré, patron, demanda-t-il, que faire ?

— Rien de difficile pour un homme adroit. Cependant, note-le bien, de la précision des manœuvres dépend le succès de mon plan. Avant de m’occuper de Lagors, je veux en finir avec Clameran ; or, puisque les gredins sont séparés, il faut les empêcher de se rejoindre.