d’imposer silence à son ressentiment, de n’éclater, enfin, que lorsqu’il aurait pour lui l’évidence.
Il avait, au surplus, un moyen bien simple de vérification.
Les diamants de sa femme avaient été, lui écrivait-on, portés au Mont-de-Piété. Il lui était aisé de s’assurer de l’exactitude de cette assertion.
Si la lettre mentait sur ce point, il n’y avait pas à tenir compte du reste. Si, au contraire, elle disait vrai !…
M. André Fauvel en était là de ses méditations, lorsqu’on vint le prévenir que le déjeuner était servi. Il s’agissait de ne pas se laisser pénétrer. Avant de sortir de son cabinet, il se regarda dans la glace, il était si affreusement pâle, qu’il se fit peur.
— Manquerais-je donc d’énergie ? se dit-il.
À table, il pensait à se maîtriser assez pour éviter toutes les questions dont, pour la moindre des choses, l’accablait la sollicitude de sa femme. Même, il causa beaucoup, il dit des histoires, espérant ainsi détourner l’attention.
Mais, tout en parlant, il ne songeait qu’aux moyens de visiter le plus tôt possible les tiroirs de sa femme sans qu’elle pût s’en apercevoir.
Cette idée le préoccupait à ce point qu’il ne pût s’empêcher de demander à sa femme si elle sortirait ce jour-là.
— Oui, répondit-elle, le temps est affreux, mais Madeleine et moi avons quelques courses pressées à faire.
— Et à quelle heure comptez-vous sortir ?
— Aussitôt après le déjeuner.
Il respira fortement, comme s’il eût été soulagé d’une terrible oppression.
Dans quelques instants il allait donc savoir à quoi s’en tenir.
Or, si poignante et si intolérable était l’incertitude de cet homme infortuné, qu’il lui préférait tout, même la plus atroce réalité.
Le déjeuner fini, il alluma un cigare, mais il ne resta