Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/480

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. Fauvel avait déposé son revolver sur la cheminée, et il s’occupait à rajuster le cachet de la lettre. L’opération terminée, il sortit pour aller la reporter au concierge, ne voulant pas que sa femme sût que la missive de Raoul avait passé par ses mains.

Il ne fut guère absent que deux minutes, mais, inspirée par l’imminence du danger, Gypsy eut le temps d’entrer dans le cabinet, de courir à la cheminée et d’enlever les balles du revolver.

— Ainsi, pensait-elle, le péril du premier moment est conjuré, et M. Verduret, que je vais faire prévenir de ce qui se passe, par Cavaillon, aura peut-être le temps d’aviser.

Elle descendit en effet et alla donner ses instructions au jeune commis, lui enjoignant de se confier, pour être plus sûr de réussir, à Mme  Alexandre.

Une heure plus tard, Mme  Fauvel, s’étant habillée, demanda sa voiture et sortit.

M. Fauvel qui avait, d’avance, envoyé chercher un remise, s’élança sur ses traces.

Mon Dieu !… pensa Nina, si M. Verduret n’arrive pas à temps, Mme  Fauvel et Raoul sont perdus.


XXIV


Le jour où le marquis de Clameran n’avait plus aperçu entre Madeleine et lui d’autre obstacle que Raoul de Lagors, il s’était bien juré qu’il supprimerait l’obstacle.

Le lendemain même, ses mesures étaient prises, et Raoul, en rentrant chez lui, au Vésinet, à pied, après minuit, fut assailli au détour du petit chemin de la gare,