Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/496

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lez ! ne voyez-vous pas que ma personne aussi bien que ma fortune sont à votre disposition.

— Eh bien ! donc, monsieur, je vous avouerai que je suis un ami de Prosper. Ne l’aiderez-vous pas à se réhabiliter ? Vous pouvez tant pour lui, monsieur ! il aime Mlle  Madeleine…

— Madeleine sera sa femme, monsieur, interrompit M. Fauvel ; je vous le jure. Oui, je le réhabiliterai, et avec tant d’éclat, que nul jamais n’osera lui reprocher ma fatale erreur.

Le gros homme, tout comme s’il se fût agi d’une visite ordinaire, était allé reprendre sa canne et son chapeau déposés dans un angle.

— Vous m’excuserez de vous importuner, fit-il, mais Mme  Fauvel…

— André !… murmura la pauvre femme, André !…

Le banquier hésita d’abord quelques secondes, puis, prenant bravement son parti, il courut à sa femme, qu’il serra entre ses bras, en disant :

— Non, je ne serai pas assez fou pour lutter contre mon cœur ! Je ne pardonne pas, Valentine, j’oublie, j’oublie tout…

M. Verduret n’avait plus rien à faire au Vésinet.

C’est pourquoi, sans prendre congé du banquier, il s’esquiva, regagna la voiture qui l’avait amené, et donna ordre au cocher de le conduire à Paris, à l’hôtel du Louvre… et bon train.

En ce moment il était dévoré d’inquiétudes. Du côté de Raoul, tout était arrangé, le jeune filou devait être loin. Mais était-il possible de soustraire Clameran au châtiment qu’il avait mérité ? Non, évidemment.

Or, M. Verduret se demandait, comment livrer Clameran à la justice, sans compromettre Mme  Fauvel, et il avait beau repasser son répertoire d’expédients, il n’en voyait aucun s’ajustant aux circonstances présentes.

— Il n’y a, pensait-il, qu’un moyen. Il faut qu’une accusation d’empoisonnement parte d’Oloron. Je puis y aller travailler « l’opinion publique, » on clabaudera, il