Cette affaire s’était absolument emparée de son esprit, et l’irritait et l’attirait tout ensemble. Il lui semblait y découvrir certains côtés obscurs et mystérieux qu’il s’était juré de pénétrer.
Le lendemain, bien avant son heure habituelle, il était à son cabinet. Il entendit ce jour-là Mme Gypsy, fit revenir Cavaillon et envoya chercher M. Fauvel. Et cette activité, il la déploya les jours suivants.
Seuls, deux témoins cités firent défaut.
Le premier était le garçon de bureau envoyé par Prosper à la Banque, il était gravement malade d’une chute.
Le second était M. Raoul de Lagors.
Mais leur absence n’empêchait pas le dossier de Prosper de grossir, et le lundi suivant, c’est-à-dire cinq jours après le vol, M. Patrigent croyait avoir entre les mains assez de preuves morales pour écraser son prévenu.
V
Pendant que sa vie entière était l’objet des plus minutieuses investigations, Prosper était en prison, au secret.
Les deux premières journées ne lui avaient pas paru trop longues.
On lui avait, sur ses instances, donné quelques feuilles de papier, numérotées, dont il devait rendre compte, et il écrivait avec une sorte de rage des plans de défense et des mémoires justificatifs.
Le troisième jour, il commença à s’inquiéter de ne voir personne que les condamnés employés au service des « secrets » et le geôlier chargé de lui apporter ses repas.
— Est-ce qu’on ne va pas m’interroger de nouveau ? demandait-il chaque fois.