Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/110

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. Coquillet sortit de son tiroir quelques spécimens de son talent. Véritablement c’était magnifique.

— Hein ! comme c’est pur ! dit Basquin en faisant admirer la délicatesse de certains déliés.

— Oui, c’est passable, répondit le bonhomme ; peut-être arriverez-vous à ce résultat d’ici à quelques années, si vous avez des dispositions naturelles.

— Il n’en a aucune, reprit Basquin.

— Ah ! dit M. Coquillet, c’est fâcheux, très-fâcheux ; je ne pourrai tout au plus vous donner qu’une bonne écriture de bureau, mais une bonne écriture vous est absolument nécessaire.

Et sur ce, le vieux calligraphe entreprit de démontrer les profits d’une belle main :

Les incapables seuls prétendent qu’une belle cursive est un signe de bêtise. La mauvaise écriture de Napoléon Ier a fait beaucoup de tort à la France. Des gens bien doués se sont gâtés volontairement la main pour imiter l’abominable griffonnage de ce grand homme. C’est sous ce rapport surtout que les études en France sont d’une choquante infériorité. À quoi pense donc le ministre de l’instruction publique ? On peut être reçu bachelier avec une copie presque illisible. On déforme