Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/133

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orner de sa prose les colonnes de ce journal où il s’était juré d’écrire, ou de mourir.

Non moins intéressée et toujours pour le même motif était l’amitié de Jouvard.

Ce poëte, qui ne manque pas d’esprit, a eu le tort de chercher autour de lui les sujets de ses couplets ou de ses satires. Si encore il s’était souvenu de ce mot profond d’un chef de l’Équilibre :

— « Écrasons les faibles ! »

Mais non, ce nigaud s’est attaqué à plus fort que lui ; il a chansonné son sous-chef, fait un quatrain, ô imprudence ! sur son chef de division, et enfin ridiculisé trois ou quatre gros bonnets par des coq-à-l’âne en vers libres.

Si bien qu’il peut vivre cent ans, il sera cent ans expéditionnaire.

Sa réputation est faite. Se dit-il un mot méchant, se fait-il un mauvais calembour, tout de suite on l’en accuse. Qu’un sot sur le mur blanc d’un corridor écrive quelques injures, immédiatement on dit :

— C’est Jouvard.

Lui n’en est pas moins gai. Il rime toujours.