Caldas avait eu l’imprudente faiblesse de rire à une des chansons de ce Juvénal bureaucratique.
Ah ! comme il en fut puni !
Un beau matin, Jouvard, qui guettait l’occasion, pénétra dans le bureau du Sommier à un moment où Caldas s’y trouvait seul.
— Je me fie à votre discrétion, lui dit-il, et je viens vous lire une poésie en canif.
— Qu’est-ce que la poésie en canif ? demanda Romain vaguement inquiet.
— Tout simplement des vers monorimes en if. C’est une réminiscence d’un genre qu’on cultivait sous la Restauration. M. Thiers, dit-on, est l’inventeur de la poésie en canif.
— Bah ! dit Caldas.
— Écoutez, mon cher.
Et, avec une volubilité dont une crécelle donnerait une imparfaite idée, Jouvard récita ces vers :
Le voyez-vous, ce plumitif,
Qui s’avance d’un pas massif ?