Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/135

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

 
Voyez son œil louche et furtif,
Et son doux air de lénitif.

Plus pâle il est qu’un vomitif
Et plus froid qu’un récitatif.
Son aspect réfrigératif
Fait l’effet d’un soporatif.

Devant ses chefs il est craintif
Cent fois plus qu’un filou fautif
Qu’on conduit devant le shérif
Après un vol bien positif.

Cet homme, peu récréatif,
D’un faubourg de Caen est natif.
Un vieux paysan processif
Est, dit-on, son père adoptif.
Ce fait est très explicatif
Et surtout significatif.

Ce Normand, rien moins que naïf,
Se masque sous un air fictif ;
Sa bêtise n’est qu’un faux pif.
Oui, son visage dormitif
Ment comme une face de juif.
Son œil, rien moins qu’intuitif,
Cache un esprit alerte et vif.
Il affecte le ton plaintif,
Mais nous connaissons son motif,
Nous tous qui l’avons vu, pensif,
Presser son front méditatif.