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Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/149

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qui ne se vendent plus, la collection de l’Observateur religieux, les cent vingt volumes de l’Encyclopédie des cuisiniers, et fait les abonnements au Moniteur des sages-femmes. Il propose encore les ouvrages à prime, productions remarquables qui donnent droit à un dîner à deux francs au Palais-Royal, à un gilet de flanelle, et à une entrée à la salle Valentino.

Il y a enfin le courtier marchand de vins, qui se charge de vous livrer, au prix que vous coûterait un grand crû de Bourgogne, d’excellent petit mâcon récolté à Argenteuil.

Ces enjôleurs soufflent à l’oreille des employés besogneux la tentation du crédit. S’il est timide, ils le rassurent par la longueur des échéances.

Lorsque, avant de faire une dépense inutile, et ce sont les plus entraînantes, le pauvre garçon pèse et soupèse son budget, ils l’étourdissent sur l’avenir, ils font luire à ses yeux des ressources inattendues, des augmentations qui n’arriveront jamais, des gratifications sur lesquelles il ne faut, hélas ! guère compter.

Ces audacieux l’endoctrinent de théories étranges. Ils affirment que le crédit pose un homme, et qu’on est considéré en raison directe de ce que l’on doit.

« Allons, Monsieur, prenez cette montre, non pour