Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/170

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— Est-ce sérieux ce que vous dites là ? balbutia Caldas frappé au cœur.

— Ne me faites donc pas poser, répondit le caissier en refermant brusquement son guichet.

Alors ce fut un terrible concert d’imprécations et de plaintes.

— C’est une abomination ! criait Caldas, un vol manifeste ! Gardez mon argent, je vous en fais cadeau et ne remets plus les pieds dans cette baraque.

Mais Caldas n’était pas le plus indigné.

Qui peindra la fureur de Greluchet le critique ? Son exaspération se mesurait à la perte qu’il faisait ; et il perdait à cette déconvenue dix francs qu’il comptait emprunter à Romain, et un bon dîner qu’il était sûr de faire avec lui.

— Il faut leur faire un procès, hurlait-il, leur envoyer des huissiers.

Krugenstern n’était pas satisfait, mais il semblait supporter philosophiquement son malheur.

Mlle Célestine, si elle fit une petite moue, reprit vite sa bonne humeur.

Elle tira Caldas par la manche.