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L’EMPLOYÉ TANT MIEUX.

Celui-ci fait profession de respect et d’amour ; son dévouement est à toute épreuve, et son admiration ne connaît pas de bornes.

Depuis qu’il est au ministère, on a déjà cinq ou six fois changé de systèmes, il les a tour à tour défendus avec chaleur, et, qui plus est, avec conviction. Il parle bien, et dans une autre enceinte ferait peut-être un orateur, mais à coup sûr ce serait un orateur du gouvernement.

Peut-être pense-t-il, comme M. G. de Cassagnac, qu’il faut toujours défendre l’autorité.

Il croit au dogme de l’infaillibilité ministérielle.

Et ce n’est pas un jeu joué, un parti pris, il obéit à la tournure de son esprit. Il réalise le type du parfait croyant entrevu par ce mystique docteur du moyen âge, qui s’écriait, brûlant de foi : Credo quia absurdum.

La foi de l’employé Tant Mieux est inébranlable. Homme d’esprit, il a pu jauger certains de ses chefs sans que son respect en fût altéré. Un supérieur incapable ne prouve pas plus à ses yeux contre l’excellence