Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/190

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soucieux, c’est le noyau de notre corps d’armée ; mea culpa encore pour ceux-ci. Les cinq cents autres forment l’état-major : avec des capacités et du tact, du tact surtout, on est toujours de ceux-là, monsieur Caldas. D’ici trois ans vous devez être commis principal, sous-chef dans cinq ans, chef de bureau deux ou trois ans plus tard. Vous aurez trente-trois ans et toutes vos dents encore pour manger vos huit mille francs d’appointements. Arrivé là, l’avenir est à vous. Vous devenez chef de division et enfin directeur, conseiller d’État, etc. Tous les chefs de bureau deviennent directeurs : c’est écrit là-haut.

— Parbleu, dit M. Bizos, je vous engage à vous citer pour exemple. Vous êtes un excellent employé, et après dix-huit ans de service vous avez trois mille francs d’appointements.

— Je puis avoir été négligé en apparence, répondit M. Sangdemoy, mais un dédommagement certain m’attend. Mon avancement, pour avoir été tardif, n’en sera que plus rapide. D’ailleurs vous-même, vous êtes la preuve de ce que j’avance, vous qui en cinq ans, sans protection et sans intrigue, êtes arrivé au même point que moi.

— Si je vous entends bien, fit Caldas, les chances sont à peu près égales, comme à la roulette ; et puisque je suis ici, ma foi, j’ai bonne envie d’y rester.