Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/237

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d’une horloge publique, essuie par endroits sur les glaces la vapeur de la respiration, de même les employés du bureau des Duplicatas, pour observer ce qui se passe dans la galerie voisine, pratiquent des judas dans la crasse opaque qui recouvre la vitre, avec le bout de leurs doigts légèrement humecté de salive.

Ah ! la poussière ! comme la cendre du Vésuve qui a enseveli Pompéï, elle couvre de son linceul morne cette nécropole bureaucratique, et l’araignée file le crêpe de ce deuil.

D’où vient-elle, cette poussière ?

Les balais des garçons de bureaux sont impuissants à la combattre ; quant au plumeau mis à leur disposition, comme il leur faudrait lever les bras, ils ne s’en sont jamais servis.

Chaque matin les employés apportent à leurs souliers un échantillon de toutes les boues de Paris : il y a la boue noire et fétide de la rue du Four-Saint-Germain, cette boue dont M. Bertron tire de l’huile d’olive, et la boue crayeuse de Montmartre ; il y a la boue rouge de la rue de Rivoli et la boue verte du Père-Lachaise.

À la chaleur du poêle toutes ces ordures sèchent et s’émiettent en pulvérin impalpable ; l’atmosphère s’alourdit d’évaporations malsaines, de miasmes délé-