Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/259

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manque pas de faire un rapport. C’est l’homme des coups de couteau dans le dos.

Ce Cluche s’ennuyait d’être sous-chef. Il avait plusieurs fois fait valoir ses droits à l’avancement. Il ne lui en était rien revenu.

C’est alors qu’il jeta les yeux sur la place de M. Deslauriers. On appelle cela à l’Équilibre : convoiter les souliers d’un mort. Certaines gens ne sont à l’aise que dans ces chaussures-là. Cluche imagina une combinaison assez ingénieuse, il dressa ses batteries, et un beau matin l’Administration s’aperçut que le chef du bureau de la Dette avait depuis onze ans dépassé la limite d’âge. On s’empressa de réparer cet oubli, et on mit l’oublié à la retraite.

L’Administration cherchait sur son Livre-Noir un chef mal noté à envoyer en disgrâce, lorsqu’elle apprit à propos que Deslauriers, non content de compromettre dans les coulisses la dignité de l’Administration, collaborait avec ses propres employés, et ce, pendant la séance, à verroux tirés.

— Voilà l’homme à sacrifier, se dit-elle.

Le jour même où était signée la déportation du vaudevilliste, Cluche arrivait juste à point pour demander sa succession. Il l’aurait obtenue sans un de ces coups