Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/84

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— Je crois qu’il faut se défier de ce jeune homme. C’est un filou.

Au moment de partir, Caldas s’informa de ce monsieur maigre qu’il avait invité et qui déjeunait de chocolat ; on lui répondit qu’il ne dînait jamais en ville, et Gérondeau ajouta que sa figure lui aurait coupé l’appétit.

Déjà l’expéditionnaire riche était consolé. Il est ainsi fait : sensible à la perte comme à l’extraction d’une dent, il est aussitôt guéri ; il s’exécute de bonne grâce, et, bon convive, remarquable fourchette, le commerce d’un bon dîner lui donne presque de l’esprit.

Le dîner fut excellent. On se sépara à onze heures du soir, raisonnablement gris.

En rentrant chez lui avec ses cent vingt francs intacts, Caldas faisait des calculs.

— J’ai pourtant gagné trois francs trente-trois centimes aujourd’hui, murmurait-il, et j’ai fait six chemises, soit cinquante-cinq centimes et demi la chemise. C’est bien payé.