Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/103

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ayant déjà employé Gévrol, il était loin de lui soupçonner l’ingéniosité, le style surtout, du rapport.

— C’est donc vous, lui demanda-t-il, qui avez si rondement conduit cette affaire ?

— Ma foi, non !… répondit l’homme de la Préfecture, je n’ai pas tant d’esprit que ça, moi !… Je me contente de relever ce que je découvre, et je dis : Voilà. Je veux bien être pendu si toutes les imaginations de ce rapport existent ailleurs que dans la cervelle de celui qui l’a fait… Des blagues, quoi !

Peut-être était-il de bonne foi, étant de ces gens que l’amour-propre aveugle à ce point que, les yeux crevés par l’évidence, ils la nient.

— Cependant, insista le juge, les femmes dont voici les empreintes ont existé !… Le complice qui a laissé sur un madrier ces flocons de laine est un être réel… Cette boucle d’oreille est un indice réel, palpable…

Gévrol se tenait à quatre pour ne pas hausser les épaules.

— Tout cela, dit-il, s’explique sans qu’il soit besoin de chercher midi à quatorze heures. Que le meurtrier ait un complice… c’est possible. La présence des femmes est naturelle, partout où il y a des filous, on rencontre des voleuses. Quant au diamant, que prouve-t-il ?… Que les coquins avaient fait un bon coup, qu’ils étaient venus ici partager le butin, et que du partage est venue la querelle…

C’était une explication, et si plausible, que M. d’Escorval garda le silence, se recueillant avant de prendre une détermination.

— Décidément, déclara-t-il enfin, j’adopte l’hypothèse du rapport… Quel en est l’auteur ?