Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/120

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loppa une dans un morceau de papier qu’il glissa dans sa poche, et présenta l’autre au directeur en lui disant :

— Je vous prie, monsieur, de recevoir en dépôt et de sceller ceci sous les yeux du prévenu. Il ne faut pas qu’il puisse, plus tard, prétendre que, à cette poussière, on en a substitué d’autre.

Le directeur fit ce qu’on lui demandait, et pendant qu’il ficelait et cachetait dans un petit sac cette « pièce de conviction, » le meurtrier haussait les épaules et ricanait.

Il est vrai que sous cette gaieté cynique, Lecoq croyait deviner une poignante anxiété.

Le hasard lui devait bien la compensation de ce petit triomphe, car les événements ultérieurs allaient tromper toutes ses prévisions.

Ainsi, le meurtrier n’éleva aucune objection quand il reçut l’ordre de se déshabiller, pour échanger ses vêtements souillés de sang, contre le costume fourni par l’administration.

Pas un des muscles de son visage ne trahit le secret de son âme, pendant qu’on soumettait sa personne à ces perquisitions ignominieuses qui font monter le rouge au front des plus abjects scélérats.

C’est avec une farouche insensibilité qu’il laissa les surveillants peigner ses cheveux et sa barbe, et inspecter l’intérieur de sa bouche, pour s’assurer qu’il ne cachait ni un de ces ressorts de montre qui coupent les plus solides barreaux, ni un de ces fragments microscopiques de mine de plomb, dont se servent les prisonniers pour tracer ces billets qu’ils échangent, roulés dans une bou-