Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/131

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il s’était procuré dans les bureaux de la Préfecture le nom et l’adresse de tous les loueurs de voitures établis entre la route de Fontainebleau et la Seine.

Les débuts de ses recherches ne furent pas heureux.

Dans le premier établissement où il se présenta, les garçons d’écurie, qui n’étaient pas levés, l’injurièrent. Les palefreniers étaient debout dans le second, mais pas un cocher n’était arrivé. Ailleurs, le patron refusait de lui communiquer les feuilles où est — où devrait être du moins — inscrit l’itinéraire quotidien de chaque cocher.

Il commençait à désespérer, quand enfin, sur les sept heures et demie, au jour, chez un nommé Trigault, dont l’établissement était situé au delà des fortifications, il apprit que, dans la nuit du dimanche au lundi, un des cochers avait dû rebrousser chemin comme il rentrait.

Même, ce cocher, on le lui montra dans la cour, où il aidait à atteler sa voiture.

C’était un gros petit vieux, au teint enflammé, au petit œil pétillant de ruse, qui avait dû user sur le siège plus d’un fagot de manches de fouet. Lecoq marcha droit à lui.

— C’est vous, lui demanda-t-il, qui, dans la nuit de dimanche à lundi, entre une heure et deux du matin, avez pris deux femmes rue du Chevaleret ?

Le cocher se redressa, enveloppa Lecoq d’un regard sagace, et prudemment répondit :

— Peut-être.

— C’est une réponse positive qu’il me faut.

— Ah ! Ah !… fit le vieux d’un ton narquois, monsieur