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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/130

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pas. Mieux valait encore être mal servi que trahi, et il était sûr du bonhomme.

— N’importe !… continua Gévrol, tu aurais dû me prévenir hier soir. Mais quand je suis arrivé, tu étais déjà parti.

— J’avais affaire.

— Où ?

— À la place d’Italie. Je voulais savoir si le violon du poste est pavé ou carrelé.

Sur cette réponse, il paya, salua, et sortit.

— Tonnerre !… s’écria alors Gévrol, en reposant violemment son verre sur le comptoir, sacré tonnerre !… Que ce cadet-là me déplaît ! Méchant galopin !… Ça ne sait pas le b, a, ba du métier, et ça fait le malin. Quand ça ne trouve rien, ça invente des histoires, et ça entortille les juges d’instruction avec des phrases, pour avoir de l’avancement. Je t’en donnerai, moi, de l’avancement… à rebours… Ah ! je t’apprendrai à te ficher de moi.

Lecoq ne s’était pas moqué. La veille, en effet, il s’était rendu au poste où avait été renfermé le prévenu, il avait comparé au sol du violon la poussière qu’il avait en poche, et il rapportait, croyait-il, de cette expédition une de ces charges accablantes qui, souvent, suffisent à un juge d’instruction pour obtenir des aveux complets du plus obstiné prévenu.

S’il s’était hâté de fausser compagnie à Gévrol, c’est qu’il avait une rude besogne à mener à bonne fin avant de se présenter à M. d’Escorval.

Il prétendait retrouver le cocher qui avait été arrêté par les deux femmes rue du Chevaleret, et, dans ce but,