Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/186

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le concours d’artistes de la capitale ayant eu l’honneur… »

— Il suffit !… interrompit le juge, vous débitiez cela en France, mais en Allemagne ?…

— Naturellement, je parle la langue du pays.

— Voyons !… commanda M. Segmuller, dont l’allemand était la langue maternelle.

Le prévenu quitta son air niais, se grima d’une importance comique, et sans l’ombre d’une hésitation il reprit du ton le plus emphatique :

« Mit Bewilligung der hochlœblichen Obrigkeit wird heute vor hiesiger ehrenwerthen Bürgerschaft zum erstenmal aufgeführt… Genovefa, oder die… » [1]

— Assez !… dit durement le juge.

Il se leva, peut-être pour cacher sa déception, et ajouta :

— On va aller chercher un interprète, qui nous dira si vous vous exprimez aussi facilement en anglais.

Lecoq, sur ces mots, s’avança modestement :

— Je parle l’anglais, dit-il.

— Alors, très-bien. Vous m’avez entendu, prévenu…

Déjà l’homme s’était une fois encore transformé. Le flegme et la gravité britanniques se peignaient sur son visage, ses gestes étaient devenus roides et compassés. C’est du ton le plus sérieux qu’il dit :

« Ladies, and Gentlemen,

Long life to our queen, and to the honourable mayor of that town. No country England excepted, — our glo-

  1. Avec la permission de l’autorité locale, sera représentée devant l’honorable bourgeoisie, pour la première fois… Geneviève ou le…