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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/214

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XXII


Le prévenu sorti, M. Segmuller se laissa tomber sur son fauteuil, épuisé, écrasé, anéanti, comme il arrive après d’exorbitants efforts dépensés en pure perte.

À l’éréthisme immodéré de toutes les facultés de son esprit et de son âme, une invincible prostration succédait.

C’est à peine s’il lui restait la force de tamponner avec son mouchoir trempé dans de l’eau fraîche, son front brûlant et ses yeux qui lui cuisaient.

Cette effroyable séance d’instruction n’avait pas duré moins de sept heures.

Le riant greffier qui, lui, pendant tout ce temps, était resté assis à sa table, écrivant, se leva, très heureux de se dégourdir les jambes et de faire claquer ses doigts, las de tenir la plume.

Il ne s’était pourtant pas ennuyé. Les drames, que depuis tant d’années il voyait se dérouler, n’avaient jamais cessé de lui offrir un intérêt quasi théâtral, émoustillé par l’incertitude du dénoûment et la conscience d’une petite part de collaboration.