Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/226

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sonnet. Je voudrais qu’il sût dire en allemand : « As-tu déjeuné. »

— Tiens !… les sansonnets parlent donc ?

— Comme des personnes, oui, monsieur, dit la femme en sautant à terre.

Et en effet, l’oiseau, comme s’il eût compris qu’il était question de lui, se mit à crier très-distinctement :

— Camille !… Où est Camille ?…

Mais Lecoq était bien trop tourmenté pour s’occuper de cet oiseau et du nom qu’il prononçait.

— Madame, commença-t-il, je désirerais parler à la propriétaire de l’hôtel…

— C’est moi, monsieur.

— Oh !… très bien ; alors voici : J’ai donné rendez-vous à Paris à un ouvrier de Leipzig, je suis surpris qu’il ne soit pas arrivé encore, et je viens savoir s’il ne serait pas descendu chez vous. Il se nomme Mai.

— Mai, répéta l’hôtelière qui eut l’air de chercher, Mai !…

— Il aurait dû arriver dimanche soir… C’est un pauvre diable !…

La physionomie de la femme s’éclaira.

— Attendez-donc ! fit-elle. Votre ouvrier serait-il par hasard un homme d’un certain âge, de taille moyenne, très-brun, portant toute sa barbe, ayant des yeux très-brillants ?

Lecoq tressaillit. C’était le signalement du meurtrier.

— Voilà bien, balbutia-t-il, le portrait de mon homme !

— Eh bien !… monsieur, il est descendu chez moi dans l’après-midi du dimanche gras. Il a demandé un cabinet très-bon marché, et je lui en ai montré un au