Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Nous ne connaissons pas, nous n’avons pas vu !…

Le contraire eût étonné Lecoq, persuadé que le meurtrier n’avait imaginé cette histoire de malle déposée dans un hôtel, que pour donner à son récit un cachet plus net de vraisemblance.

S’il s’obstinait, s’il notait sur son calepin les hôtels visités, c’est qu’il voulait être bien sûr de la déconvenue du prévenu quand on l’amènerait sur le terrain pour le convaincre de mensonge.

Rue de Saint-Quentin, c’est par l’hôtel de Mariembourg qu’il débuta.

La maison était d’apparence modeste, mais propre et bien tenue. Le jeune policier poussa le portillon à claire-voie muni d’une sonnette qui défendait l’accès du vestibule, et pénétra dans le bureau de l’hôtel, une jolie pièce éclairée par un bec de gaz à globe de verre dépoli.

Il y avait une femme dans ce bureau.

Elle était hissée sur une chaise, le visage à hauteur d’une cage couverte d’un grand morceau de lustrine noire, et elle répétait avec acharnement trois ou quatre mots allemands.

Elle s’appliquait si fort à cet exercice, que Lecoq fut obligé de tousser et de faire du bruit pour attirer son attention.

Enfin, elle se retourna.

— Aôh !… bien le bonsoir, madame, dit le jeune policier, vous êtes en train, à ce que je vois, d’apprendre à parler à votre perroquet.

— Ce n’est pas un perroquet que j’ai là, monsieur, répondit la femme du haut de sa chaise, c’est un san-