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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/254

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XXVI


M. Segmuller était de ces magistrats qui chérissent leur profession d’un amour sans partage, qui s’y donnent corps et âme et mettent à l’exercer tout ce qu’ils ont d’énergie, d’intelligence et de sagacité.

Juge d’instruction, il apportait à la recherche de la vérité la passion tenace du médecin luttant contre une maladie inconnue, l’enthousiasme de l’artiste s’épuisant à la poursuite du beau.

C’est dire combien impérieusement s’était emparée de son esprit cette affaire ténébreuse du cabaret de la Chupin qui lui était confiée.

Il y découvrait tout ce qui doit irriter l’intérêt : grandeur du crime, obscurité des circonstances, mystère impénétrable enveloppant les victimes et le meurtrier, attitude étrange d’un prévenu énigmatique.

L’élément romanesque ne manquait pas, représenté par ces deux femmes dont on avait perdu les traces, et par cet insaisissable complice.

Enfin l’anxiété du résultat était une attraction de plus. L’amour-propre ne perd jamais ses droits, et M. Segmul-