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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/264

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passage à l’huissier qui, timidement et d’un air fort penaud, remit un billet et sortit.

Ce billet, écrit au crayon par Lecoq, sur une feuille arrachée à son calepin, disait au juge le nom de la femme, et lui donnait brièvement, mais clairement, les renseignements recueillis.

— Ce garçon-là pense à tout… murmura M. Segmuller.

Le sens de la scène qu’il n’avait fait qu’entrevoir éclatait maintenant à ses yeux.

Tout lui était expliqué !

Il n’en regrettait que plus amèrement cette rencontre fatale qui venait d’avoir lieu dans son cabinet. Mais à qui devait-il s’en prendre ? À lui, à lui seul, à son impatience, à son défaut de prévoyance quand, son huissier parti, il avait envoyé chercher Polyte Chupin.

Cependant, comme il ne pouvait se douter de l’influence énorme de cette circonstance sur l’instruction, il ne s’en alarma pas et ne songea qu’à tirer parti des documents précieux qui lui arrivaient.

— Poursuivons, dit-il à Polyte.

Le gredin eut un geste d’insouciant assentiment. Sa femme sortie, il n’avait plus bougé, indifférent en apparence à tout ce qui se passait.

— C’est votre femme que nous venons de voir ? demanda M. Segmuller.

— Oui.

— Elle voulait se jeter à votre cou, vous l’avez repoussée.

— Je ne l’ai pas repoussée, m’sieu.

— Vous l’avez tenue à distance, si vous aimez mieux,