Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/273

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— Me voici donc tranquille, dit le juge. Maintenant, monsieur le directeur, je désirerais quelques renseignements sur un autre prévenu, un certain Chupin.

— Ah !… je sais, un détestable garnement.

— C’est cela. Je voudrais savoir s’il n’a pas reçu quelque visite hier.

— Diable !… c’est qu’il va falloir que j’aille au greffe, monsieur, si je veux vous répondre avec quelque certitude. C’est-à-dire, attendez donc, voici un gardien, ce petit là-bas, sous le porche, qui peut nous renseigner. Hé ! Ferrau !… cria-t-il.

Le surveillant appelé accourut.

— Sais-tu, lui demanda-t-il, si le nommé Chupin a été au parloir hier ?

— Oui, monsieur, c’est même moi qui l’y ai conduit.

M. Segmuller eut un sourire de satisfaction, cette réponse dissipait tous les soupçons.

— Et qui le visitait, interrogea vivement Lecoq, un gros homme, n’est-ce pas ? très-rouge de figure, ayant le nez camard…

— Faites excuse, monsieur, c’était une femme, sa tante, à ce qu’il m’a dit.

Une même exclamation de surprise échappa au juge et au jeune policier, et ensemble ils demandèrent :

— Comment était-elle ?

— Petite, répondit le surveillant, boulotte, très-blonde, l’air d’une bien brave femme, pas cossue, par exemple…

— Serait-ce une de nos fugitives de là-bas ?… fit tout haut Lecoq.