Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/277

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contradictoires, exercé à tirer d’une certaine quantité de mensonges une moyenne qui est à peu près la vérité.

Goguet, le souriant greffier, achevait de remplir, sur les indications du juge, une douzaine de citations, quand Lecoq reparut.

— Eh bien ?… lui cria le juge.

Réellement la question était superflue. Le résultat de la démarche était visiblement écrit sur la figure du jeune policier.

— Rien, répondit-il, toujours rien.

— Comment !… On ne sait pas à qui on a donné une carte pour visiter Polyte Chupin au Dépôt ?

— Pardon, monsieur, on ne le sait que trop. Nous retrouvons là une preuve nouvelle de l’infernale habileté du complice à profiter de toutes les circonstances. La carte dont on s’est servi hier est au nom d’une sœur de la veuve Chupin, Rose-Adélaïde Pitard, marchande des quatre-saisons à Montmartre. Cette carte a été délivrée il y a huit jours, sur une demande apostillée du commissaire de police. Il est dit, dans cette demande, que la femme Rose Pitard a besoin de voir sa sœur pour le règlement d’une affaire de famille.

Si grande était la surprise du juge, qu’elle arrivait à une expression presque comique.

— Cette tante serait-elle donc du complot !… murmura-t-il.

Le jeune policier hocha la tête.

— Je ne le pense pas, répondit-il. Ce n’est pas elle, en tout cas, qui était hier au parloir du Dépôt. Les employés de la Préfecture se rappellent très-bien la sœur de la Chu-