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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/291

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Sans perdre une minute, le jeune policier courut chez ce commissaire-priseur qui avait la spécialité des « riches mobiliers. »

Me Petit se rappelait très-bien la « vente Watchau, » qui avait fait un certain bruit à l’époque, et il en eut bientôt retrouvé le volumineux procès-verbal dans ses cartons.

Beaucoup de bijoux y étaient décrits, avec le chiffre de l’adjudication et le nom des adjudicataires en regard, mais aucun ne se rapportait, même vaguement, aux maudits boutons d’oreilles.

Lecoq montra le diamant qu’il avait en poche ; le commissaire-priseur ne se rappelait pas l’avoir vu. Mais cela ne signifiait rien, il lui en avait tant passé, il lui en passait tant entre les mains !…

Ce qu’il affirmait, c’est que le frère de la baronne, son héritier, ne s’était rien réservé de la succession, pas une bague, pas un bibelot, pas une épingle, et qu’il avait paru pressé de recevoir le montant des vacations, lequel s’élevait à l’agréable chiffre de cent soixante-sept mille cinq cent trente francs, frais déduits.

— Ainsi, fit Lecoq pensif, tout ce que possédait la baronne a bien été vendu ?…

— Tout.

— Et comment se nomme son frère ?

— Watchau, lui aussi… La baronne avait sans doute épousé un de ses parents. Ce frère, jusqu’à l’an dernier, a occupé un poste éminent dans la diplomatie ; il résidait à Berlin, je crois…

Certes, ces renseignements n’avaient nul trait à la prévention, qui occupait despotiquement l’esprit du jeune