Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/305

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— Par ma foi !… mon garçon, dit-il, vous avez un fier courage.

— Et bien inutile, grogna Gévrol.

Il disait cela d’un ton délibéré, l’ombrageux inspecteur, mais au fond, il n’était pas parfaitement rassuré. La foi est contagieuse, et il se sentait troublé par l’imperturbable assurance de Lecoq.

Si pourtant ce conscrit allait avoir raison contre lui, Gévrol, un des oracles de la Préfecture, quelle honte et quel ridicule !…

Une fois de plus, il se jura que ce garçon si remuant ne vieillirait pas dans les cadres du service de la sûreté, et c’est en songeant aux moyens de l’évincer, qu’il ajouta :

— Il faut que la police ait de l’argent de trop pour payer deux hommes à faire une besogne de fou !…

Le jeune policier ne voulut pas relever cette observation blessante. Depuis quinze jours le Général l’agaçait si bien, qu’il redoutait, s’il entamait une discussion, de ne pas rester maître de soi.

Mieux valait se taire et poursuivre le succès… Réussir ! voilà la vengeance qui consterne les envieux.

Il lui tardait, d’ailleurs, de voir partir ces importuns. Peut-être croyait-il Gévrol capable d’éveiller, par quelque bruit insolite, l’attention du prisonnier.

Enfin ils partirent. Lecoq se hâta d’étendre sa couverture, et se coucha dessus tout de son long, de telle sorte qu’il pouvait appliquer alternativement au trou son œil et son oreille.

Dans cette position, il découvrait admirablement la cellule. Il apercevait la porte, le lit, la table, la chaise.