Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/316

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— Toutes ses récriminations, dit-il de sa voix calme, ne nous ferons point faire un pas. Il serait plus sage de concerter le moyen de tirer parti de la situation.

Rappelé ainsi à la situation présente, le jeune policier sourit ; toutes ses rancunes s’évanouirent.

— Le moyen est tout trouvé, fit-il.

— Oh !…

— Et je le crois infaillible, monsieur, en raison de sa simplicité. Il consiste tout uniment à substituer une prose à celle de l’auteur de ce billet. Quoi de moins difficile, maintenant que j’ai la clef de la correspondance !… J’en serai quitte pour acheter un exemplaire des chansons de Béranger. Mai croyant s’adresser à son complice répondra en toute sincérité…

— Pardon !… interrompit le directeur, comment vous répondra-t-il ?

— Ah !… vous m’en demandez trop, monsieur. Je sais de quelle façon on lui fait tenir ses lettres, c’est déjà bien joli… Pour le reste, j’observerai, je chercherai, je verrai…

Goguet ne dissimula pas une grimace approbative. S’il eût eu dix francs à exposer, il les eût pariés dans le jeu de Lecoq.

— Pour commencer, poursuivit le jeune policier, je vais remplacer ce message par un autre de ma façon… Demain, à l’heure de la soupe, si le prévenu fait entendre son signal en musique, le père Absinthe lui lancera la chose par la fenêtre, pendant que moi, de mon observatoire, je guetterai l’effet.

Il était si ravi de sa conception, qu’il se permit de sonner, et quand l’huissier se présenta, il lui remit une pièce