Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/319

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lui eût été impossible de s’expliquer l’arrivée de ce projectile.

Ce n’est qu’après un petit bout de temps, qu’il se décida à le ramasser. Il le garda dans le creux de la main, l’examina curieusement. Ses traits exprimaient une profonde surprise. On eût juré qu’il était intrigué au possible.

Bientôt, cependant, un sourire monta à ses lèvres. Il eut un mouvement d’épaules qui pouvait s’interpréter ainsi : « Suis-je simple ! » et d’un geste rapide, il brisa la mie de pain. La vue du papier roulé menu le rendit soucieux…

— Ah ça !… se disait Lecoq tout désorienté, qu’est-ce que ces manières ?…

Le prévenu avait ouvert le billet, et regardait, les sourcils froncés, ces chiffres alignés qui semblaient ne rien lui dire…

Mais voilà que tout à coup il se précipita contre la porte de sa cellule, l’ébranlant de coups de poing et criant :

— À moi !… gardien !… à moi !…

Un surveillant accourut, Lecoq entendit ses pas dans le corridor.

— Que voulez-vous ? demanda-t-il à travers le guichet de la porte.

— Je veux parler au juge.

— C’est bon !… On le fera prévenir.

— Tout de suite, n’est-ce pas, je veux faire des révélations.

— On y va !…

Lecoq n’en écouta pas davantage.