Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/352

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dire certaines paroles de reconnaissance, un mot de passe, quoi ! Moi je refuse net. Justement le mois passé j’ai failli me trouver pris dans une affaire de recel pour une obligeance pareille ! Non, jamais vous n’avez vu d’homme si surpris, ni si vexé. Ah ! je peux dire qu’il a tout fait pour me décider, il a été jusqu’à me promettre une bonne somme pour ma peine… Tout cela ne faisait qu’augmenter ma défiance, et j’ai tenu bon…

Il s’arrêta pour reprendre haleine, mais Lecoq était sur des charbons ardents.

— Et après ?… insista-t-il durement.

— Après ? Dame ! Cet individu a payé la bouteille et est parti. J’avais oublié cela, quand tout à l’heure, entre un autre particulier qui me demande si je n’ai pas pour lui un paquet déposé par un de ses cousins, et qui tout de suite se met à bredouiller une phrase, le mot d’ordre, sans doute. Quand j’ai répondu que je n’avais rien, il est devenu blanc comme un linge, et j’ai cru qu’il s’évanouissait. Tous mes doutes me sont revenus. Aussi, quand il m’a proposé d’acheter ses vêtements… bernique !

Tout cela était fort clair.

— Et comment était ce cousin d’il y a quinze jours ? demanda le jeune policier.

— C’était un homme d’assez forte corpulence, un bon gros rougeaud, avec des favoris blancs. Ah ! je le reconnaîtrais bien.

— Le complice ! exclama Lecoq.

— Vous dites ?

— Rien qui vous intéresse. Merci !… je suis pressé, vous me reverrez, salut !…