Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/360

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fauteuil de sa patronne, les jambes allongées sur une chaise, et déjà il dormait presque.

— Debout !… lui cria Lecoq, debout !

À cette voix qui avait l’éclat des trompettes, Fritz se dressa tout effaré.

— Tu vois, poursuivit le jeune policier en lui montrant sa carte, je suis un agent de la Préfecture de police… Si tu veux éviter toutes sortes de désagréments, dont le moindre serait une promenade au Dépôt, il faut m’obéir.

Le vigilant garçon tremblait de tous ses membres.

— J’obéirai, bégaya-t-il… Mais que dois-je faire ?

— Peu de chose. Un homme va se présenter ici, à la minute ; tu le reconnaîtras à ses vêtements noirs et à sa longue barbe ; il s’agit de lui répondre ce que je vais te dire, mot pour mot. Et songe qu’une erreur, même involontaire, te mènerait loin.

— Comptez sur moi, monsieur, dit Fritz, j’ai une mémoire excellente…

La seule perspective de la prison l’avait terrifié ; il parlait dans la sincérité de son âme ; on pouvait tout obtenir de lui.

Lecoq profita de ces dispositions, et avec la concision et la clarté dont il avait le secret, il expliqua au garçon d’hôtel ce qu’il voulait.

Il s’exprimait d’ailleurs d’un ton à faire pénétrer sa volonté dans l’esprit le plus rebelle, aussi sûrement qu’un marteau enfonce un clou dans une planche.

Lorsqu’il eut achevé ses explications :

— Maintenant, ajouta-t-il, je veux voir et entendre !… Où puis-je me cacher ?