Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/381

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grâce au brouhaha d’une fête, il réussirait à gagner la rue de Grenelle et à fuir ?

Il se disait cela en arrivant à l’hôtel de Sairmeuse, demeure princière dont l’immense façade était tout illuminée.

La voiture du dernier invité venait de sortir de la cour, les valets de pied apportaient des échelles pour éteindre, et le Suisse, un superbe homme, à face violacée, superlativement fier de son éblouissante livrée, fermait les deux lourds battants de la grande porte.

Le jeune policier s’avança vers cet important personnage.

— C’est bien là l’hôtel de Sairmeuse ?… lui demanda-t-il.

Le Suisse suspendit son mouvement pour toiser cet audacieux garnement qui l’interrogeait ; puis d’une voix rude :

— Je te conseille, l’ami, de passer ton chemin. Je n’aime pas les mauvais plaisants, et j’ai là une provision de manches à balai…

Lecoq avait oublié son costume à la Polyte Chupin.

— Eh !… s’écria-t-il, je ne suis pas ce que je vous paraîs être, je suis un agent du service de la sûreté, monsieur Lecoq, voici ma carte si vous ne me croyez pas sur parole, et je viens vous dire qu’un malfaiteur a escaladé le mur du jardin de l’hôtel de Sairmeuse.

— Un mal-fai-teur ?…

Le jeune policier pensa qu’un peu d’exagération ne pouvait nuire, et même lui assurait un concours plus efficace.

— Oui, répondit-il, et des plus dangereux… un assas-