Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/406

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

minel est coffré. On prend l’omnibus pour aller l’arrêter à domicile… et on le trouve ; ça fait pitié… Mais que lui reproche-t-on à votre prévenu ?

— Il a tué trois hommes ! répondit le père Absinthe.

— Oh !… fit M. Tabaret sur trois tons différents, oh ! oh !…

Ce meurtrier le raccommodait un peu avec les contemporains.

— Et où cela ?… interrogea-t-il.

— Dans un cabaret, du côté d’Ivry.

— Bon !… j’y suis, chez la veuve Chupin… un nommé Mai… J’ai vu cela dans la Gazette des Tribunaux, et Fanferlot-l’Écureuil, qui m’est venu voir, m’a raconté que vous étiez tous, là-bas, dans d’étranges perplexités au sujet de l’identité de ce gars-là… C’est donc toi, mon fils, qui étais chargé des investigations ?… Allons, tant mieux ! Tu me conteras tout, et je t’aiderai selon mes petits moyens.

Il s’interrompit brusquement ; et baissant la voix :

— Mais avant, dit-il à Lecoq, fais-moi le plaisir de te lever… attends, quand je te ferai signe… et d’ouvrir brusquement cette porte, là, à gauche. Manette, ma gouvernante, qui est la curiosité même, est derrière à nous écouter. J’entends le frôlement de ses cheveux le long de la serrure… Vas-y !…

Le jeune policier obéit, et Manette, prise en flagrant délit d’espionnage domestique, se sauva, poursuivie par les sarcasmes de son maître.

— Tu devrais pourtant savoir que cela ne te réussit jamais, criait-il.