Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/41

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Palpitant d’anxiété, il se traîna sur la neige l’espace d’un mètre, pour analyser d’autres vestiges, il se baissa, et aussitôt laissa échapper la plus éloquente exclamation.

— Qu’y a-t-il ? interrogea vivement le vieux policier, qu’as-tu vu ?

— Voyez vous-même, papa ; tenez, là…

Le bonhomme se pencha, et sa surprise fut si forte qu’il faillit lâcher sa lanterne.

— Oh !… dit-il d’une voix étranglée, un pas d’homme !…

— Juste. Et le gaillard avait de maîtresses bottes. Quelle empreinte, hein ! Est-elle nette, est-elle pure !… On peut compter les clous.

Le digne père Absinthe se grattait furieusement l’oreille, ce qui est sa façon d’aiguillonner son intelligence paresseuse.

— Mais il me semble, hasarda-t-il enfin, que l’individu ne sortait pas de ce cabaret de malheur.

— Parbleu !… la direction du pied le dit assez. Non, il n’en sortait pas, il s’y rendait. Seulement, il n’a pas dépassé cette place où nous sommes. Il s’avançait sur la pointe du pied, le cou tendu, prêtant l’oreille, quand, arrivé ici, il a entendu du bruit… la peur l’a pris, il s’est enfui.

— Ou bien, garçon, les femmes sortaient comme il arrivait, et alors…

— Non. Les femmes étaient hors du jardin quand il y a pénétré.

L’assertion, pour le coup, sembla au bonhomme par trop audacieuse.