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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/414

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tentative de suicide du prévenu ? Pour l’honneur de ta perspicacité, je suppose que non.

Je n’étais pas là comme toi, je n’ai pas pu juger de mes yeux ; mais rien qu’avec ce que tu m’as conté, je me fais fort de rétablir la scène telle qu’elle a eu lieu. Il me semble la voir… écoute :

M. d’Escorval, son enquête chez la veuve Chupin terminée, arrive au Dépôt et se fait ouvrir le cachot de Mai… Ces deux hommes se reconnaissent. S’ils eussent été seuls ils se fussent expliqués, et les choses prenaient une autre tournure… tout s’arrangeait peut-être.

Mais ils n’étaient pas seuls ; il y avait là un tiers : le greffier. Ils ne se sont donc rien dit. Le juge, d’une voix troublée, a posé quelques questions banales, et le prévenu, horriblement troublé, a répondu tant bien que mal.

La porte refermée, M. d’Escorval s’est dit : « Non, je ne saurais être le juge de cet homme que je hais !… » Ses perplexités étaient terribles. Quand tu as voulu lui parler à sa sortie, il t’a brutalement renvoyé au lendemain, et un quart d’heure plus tard, il simulait une chute.

— Alors, interrogea Lecoq, vous pensez que M. d’Escorval et notre soi-disant Mai sont des ennemis ?

— Parbleu !… répondit le bonhomme de sa petite voix claire et tranchante ; est-ce que les faits ne le démontrent pas ? S’ils étaient amis, le juge eût probablement joué sa comédie, mais le prévenu n’eût point cherché à s’étrangler…

Enfin, grâce à toi, Mai a été sauvé… car il te doit la