Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/422

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traite. Mille projets se présentaient à son esprit. Bientôt il n’y tint plus.

— Vous venez de me sauver du désespoir, monsieur, interrompit-il. J’avais cru tout perdu, et je découvre que mes sottises peuvent se réparer. Ce que je n’ai pas fait, je puis le faire, il en est temps encore. N’ai-je pas toujours à ma disposition la boucle d’oreille et divers effets du prévenu ?… Mme Milner tient encore l’hôtel de Mariembourg, je vais la surveiller…

— Et pourquoi toutes ces démarches, garçon ?

— Comment, pourquoi ?… Pour retrouver mon prévenu, donc !…

Moins plein de son idée, Lecoq eût surpris le fin sourire qui errait sur les lèvres niaises de Tirauclair.

— Ah ça, mon fils, interrogea-t-il, est-ce que tu ne te doutes pas un peu du vrai nom de ton soi-disant saltimbanque ?

Lecoq tressaillit et détourna la tête. Il ne voulait pas laisser voir ses yeux.

— Non, répondit-il d’une voix émue, je ne me doute pas…

— Tu mens, interrompit le bonhomme, tu sais aussi bien que moi que Mai demeure rue de Grenelle-Saint-Germain, et qu’il se nomme M. le duc de Sairmeuse.

À ces mots, le père Absinthe éclata de rire.

— Ah ! la bonne plaisanterie, s’écria-t-il : Ah ! ah !…

Telle n’était pas l’opinion de Lecoq.

— Eh bien !… oui, monsieur Tabaret, dit-il, j’ai eu cette idée, moi aussi, mais je l’ai chassée…

— Vraiment !… et par quelle raison, s’il te plaît ?…

— Dame, c’est que…